Grand Rocher, notre sommet
Ou l’envers d’un des plus beaux décors des Alpes françaises
Bouche bée, je regarde le ciel bleu et les paysages défiler par la fenêtre de la voiture. Voilà un luxe que la chauffeuse ne peut se permettre, ou alors avec une certaine discrétion, pour peu que nous ne finissions pas dans le talus. Nous discutons : chemins, itinéraires, pics, pointes, aiguilles, rochers, rocs, cimes, dents. Tant de mots pour décrire la simple évidence de la montagne.
Nous voilà rendus au foyer de ski de fond du Barioz vers 8 h 50, l’une à chausser ses skis de randonnée et s’équiper d’un DVA, l’autre à nouer ses lacets de chaussures qui seront agrémentées d’une paire de raquettes. On prend délicieusement notre temps. Le soleil joue à cache-cache avec les arbres de la crête et nous réchauffe le visage, rien ne presse.
Rien ne presse ? Peut-être pas. Car le Grand Rocher nous appelle. Alors, nous retrouvons cette joie simple qui consiste à planter ses bâtons délicatement, en s'imaginant que c'est un prolongement de soi. Aujourd’hui, pas de grosses difficultés, juste de quoi se sentir heureux. Nous quittons bientôt le bord des pistes de fond pour nous enfoncer dans la forêt feutrée par le manteau neigeux.
Lac de Crève-Cœur bien dissimulé sous sa couette hivernale, Chalet de Pierre Roubet dont le toit nous serait aisément accessible, puis les rondeurs du versant qui mènent irrémédiablement au Lac de Séchident. Les arbres se font de plus en plus rares, rachitiques et noueux, témoins souffrants de l’altitude et du climat rude. Aller Geneviève, on appuie sur nos jambes, le bonheur des purs n’est guère loin maintenant !
Quel panorama extraordinaire, baigné du soleil de midi, ou presque, et de sérénité. Scroutch, scroutch, scroutch … les derniers pas sur la crête du Grand Rocher nous conduisent à la croix sommitale. Ce coup-ci, il s’agit bien d’une Buvette des Cimes, avec échange de délices sucrés et de tisanes entre protagonistes : citron-gingembre et fruits rouges-cannelle, de quoi réchauffer le corps et faire tressaillir les papilles.
Soudain, un homme s’en vient à skis. Il est grand, son pas est assuré, son souffle est long et posé. Il nous rejoint en un clin d’œil. Son nom : Jean-Nöel Monnet, un habitué des lieux. Les grands rochers se retrouvent au sommet du Grand Esprit ! Ou peut-être l’inverse.
Après cette culminante communion, nous repartons à la descente chacun de son côté. Jean-Nöel droit dans la pente, Geneviève en suivant les crêtes avec élégance, et moi en trottinant pour ne pas trop retarder les skieurs. La neige délicate nous prend et nous enveloppe, et je retrouve pour un instant l’insouciance de l’enfance, cette sensation de me laisser porter d’instants en instants par le flux de la vie telle qu'elle se présente.
Au loin, Geneviève remonte du Lac de Séchident vers la crête pour admirer une dernière fois les ciseaux de Belledonne, le temps que papi-raquettes la rejoigne. Puis la traditionnelle descente à la voiture. La sortie n’est pourtant pas terminée … encore de longs moments à discuter pour faire vivre un peu plus longtemps les souvenirs de cette splendide sortie.
Participants : Geneviève, Pierre.
Guest-star : Jean-Nöel.










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Image attachée par Geneviève Dupuis le 23 mar., posté par Pierre Mérian le 23 mar., (populaire)